LES
ALLURES
Allure
: On appellera « allure » d’un voilier son
orientation (ou son cap vrai) par rapport au vent.
Au portant : Un voilier est « au portant » pour les caps compris
entre le vent de travers et le vent arrière.
Remonte au vent :
Un voilier « remonte au vent » pour les caps compris entre le vent de
travers et le cap le plus face au vent qu’il peut tenir. Face au vent ou
ayant un angle insuffisant par rapport au vent pour faire route, il est
« déventé » (dans le lit du vent).
Les allures « au portant »
comprennent : le « largue », le « grand largue » et le « vent arrière ».
Les allures « à remonter le vent »
comprennent : le « près », le « bon plein » et le « petit largue ».
On retrouve les mêmes allures pour
Tribord Amures » (le vent vient de tribord) et ...
Bâbord Amures » (le vent vient de bâbord).
On dira par exemple que l'allure d'un voilier est « Bon Plein Tribord Amures
» s'il remonte au vent en
recevant le vent de sa droite.
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À chaque force
de vent correspond un réglage particulier des voiles, dont les étapes ne
sont pas réellement séparées les unes des autres, mais suivent une
évolution continue.
Il n'est bien
entendu pas possible de définir des réglages types pour des voiliers aussi
différents qu'un Requin et un Gib’Sea de croisière. Mais une certaine
logique doit se dégager lorsque l'équipage règle les voiles au fur et à
mesure que le vent monte. Il n'y a donc pas à proprement parler un réglage
miracle quelle que soit l'unité mais bien plutôt trois éléments qu'il est
essentiel d'harmoniser en permanence. Quels que soient la taille du
bateau, son type de gréement ou son comportement à la mer, l'équipage doit
s'attacher à obtenir une parfaite cohérence entre les différentes voiles
pour un meilleur comportement du voilier et un bon équilibre à la barre.
L'art du régleur consistera à associer aux mieux ces trois facteurs
intimement liés, les voiles, le mât et la barre.
Quelle que soit
l'allure ou la force du vent, il est essentiel que la barre reste douce et
vive. À part quelques carènes particulièrement ratées, il est toujours
possible à l'équipage de modifier le comportement du voilier à la barre en
changeant le réglage des voiles, la répartition du plan de voilure ou le
cintre et la quête du mât. Sur les dessins modernes, ce point est
essentiel et doit s'accompagner, surtout pour les carènes plates, d'un
angle de gîte réduit (10° maximum) au près.
Le deuxième
facteur, le mât, doit essentiellement s'adapter aux voiles pour en
modifier la forme, en particulier pour déplacer le creux et vriller («
twister ») les chutes. Exception faite des voiliers de course, l'équipage
n'ayant pas la possibilité de modifier rapidement un réglage du mât en
route, le Plaisancier adapte la forme de l'espar à la force du vent et à
sa direction une fois pour toutes et joue sur le réglage des voiles.
Enfin, le
dernier facteur est éminemment le plus variable Puisque l'équipage a la
possibilité de modifier la forme des voiles par plusieurs points (drisse,
écoute ... ). Le principe essentiel reste toutefois que les diverses
voiles ne doivent pas interférer mais bien s'harmoniser pour participer à
la propulsion du voilier. L’équipage s'attachera Plus particulièrement à
obtenir une répartition équilibrée du volume des voiles et une similitude
des formes de chutes.
PRÈS
Au fur et à
mesure que le vent force, les voiles doivent aplaties pour réduire le creux,
facteur de gîte. En fait, l’équipage prend la mesure des actions à prendre
en fonction du comportement du bateau à la barre et de l'angle de gîte. Le
creux, facteur propulsif des voiles, peut être modifié, tant dans ton volume
que par sa position, par le cintre du mât, la tension des drisses et
écoutes, le positionnement des points de tire.
Le mât :
Les actions sur
le cintre du mât s'effectuent par le pataras (et les bastaques) et par le
bas-étai. De plus, le hale bas de bôme et la tension de la chute de grande
voile joue aussi sur la forme de l'espar.
Ainsi par tout
petit temps (force 0-1) le mât sera cintré afin de résorber le creux du bord
d'attaque de la grande voile. Par contre, le hale bas sera mou pour laisser
ouvrir la chute. En effet, par faible brise, les variations en force et en
direction du vent sont importantes et il est essentiel d'affiner le profil
des voiles pour s'adapter à ces conditions.
Par contre, dès
que le vent est établi (force 2-3), le mât sera maintenu vertical pour
obtenir le creux maximum des voiles, et le hale bas sera progressivement
raidi. Au fur et à mesure que le vent force, le cintre du mât doit être
augmenté pour diminuer le creux et ouvrir les chutes des voiles.
La grande voile :
Les actions sur
la forme de la grande voile sont multiples puisqu'en dehors du cintre du
mât, l'équipage peut régler le chariot d'écoute, la tension de bordure,
d'écoute et de drisse. En règle générale, le creux est diminué par petit
temps essentiellement sur le bord d'attaque (mât). La bordure est tendue
mais la drisse n'est que juste raidie. Pour ouvrir la chute, le chariot
d'écoute est déporté au vent et l'écoute mollie pour mettre la bôme dans
l'axe du voilier.
Dès que le vent
s'établit (force 2-3), le creux doit devenir maximum pour augmenter la force
propulsive puis au fur et à mesure que le vent forcit, le creux, doit être
diminué et avancé. Les tensions de drisse, de bordure et d’écoute deviennent
progressivement maximales et le barreur règle le plan de voilure par le
chariot d'écoute. Lorsque le voilier devient trop ardent ou prend une gîte
excessive, la grande voile est réduite.
Le génois :
De même que la
grande voile, les actions sur la forme du génois sont multiples grâce aux
tensions de drisse et d'écoute, et au déplacement du point de tire
longitudinalement et transversalement. Le réglage du creux du génois suit
harmonieusement celui de la grande voile, mais il est souvent préférable
de conserver un volume plus important sur l'avant dès qu'il y a du clapot.
Au fur et à mesure que le vent monte, les tensions de drisses et d'écoute
augmentent et le point de tire est reculé (pour un même génois). Sur les
voiliers modernes, il ait souvent préférable de commencer par réduire le
génois avant la grande voile.
PORTANT
Du vent de
travers au plein vent arrière, l'équipage doit régler les voiles de manière
progressive. Il n'y a pas en effet de principe défini pour telle ou telle
allure mais bien une évolution continue du près au vent arrière. Car quelle
que soit la voile (G.V. foc, spinnaker, trinquette...), les actions sur la
forme et le volume du plan de voilure sont similaires, la hauteur du tangon
déterminant la tension du bord d'attaque du spinnaker de la même façon que
la tension de drisse règle celui d'un génois. Enfin, au portant, le principe
directeur des réglages de voiles est essentiellement la stabilité de route
et donc l'équilibre des forces propulsives en jeu.
Le mât :
Le mât dans son
ensemble doit être maintenu vertical, en particulier au vent arrière quelle
que soit la force du Vent. Toutefois, dans les bords de largue serré,
l'espar doit être cintré pour résorber en partie le creux et ouvrir la chute
car nous nous rapprochons des conditions de navigation du près (creux,
gîte). Enfin, dans la brise, il importe de raidir le gréement pour éviter
les « coups de fouet ». Le hale bas de bôme doit faire l'objet d’un réglage
constant puisque, le chariot d’écoute de grande voile étant en bout de
course, c’est lui qui détermine la forme de la grande voile et l'ouverture
de la chute.
La grande voile :
Au portant, le
vent apparent diminue au fur et à mesure que le voilier se rapproche du vent
arrière. Dans le tout petit temps, l'équipage évitera donc le vent arrière
alors qu'il le recherchera dans la forte brise. Les réglages du creux de la
grande voile se rapprochent de ceux du près, lorsque le voilier navigue au
largue serré, pour se décaler d'une force un ou deux Beaufort lorsque le
bateau est vent arrière. L'équipage portera toujours plus de toile au
portant et pourra conserver un creux important dans la grande voile jusqu'à
force 4 ou 5. La stabilité de route étant primordiale, la réduction du creux
et/ou de la voilure s'impose lorsque le comportement à la barre du voilier
n’est plus à son optimum.
Le ciseau :
Ça consiste, au
plein vent arrière, à avoir la grande voile sous une amure, le génois sous
l’autre.
C’est loin d’être l’allure la plus facile à tenir. Si le vent est à peu près
régulier et la mer pas trop formée, ça reste l’allure de meilleur rendement
quand on désire rester très proche du lit du vent.
Le barreur doit constamment être très attentif à ses voiles pour éviter un
empannage « sauvage » ou de mettre le foc à contre (ce qui est quand même
préférable à l’empannage).
Si le vent est trop faible (en dessous 3 ou 4 Beaufort) on peut avoir du mal
à bien gonfler les deux voiles. Dans ce cas on peut tangonner le génois.
Le spinnaker :
Voile trop
souvent délaissée, le spinnaker (ou ses dérivés) n'apporte pas seulement
un plus à la vitesse mais souvent un bien meilleur équilibre à la barre.
Les principes de base du réglage d’un spinnaker ne différent pas
sensiblement de ceux des autres voiles. La hauteur du tangon joue sur le
profil du bord d'attaque et le positionnement du creux. La position du
point de tire de l'écoute détermine quant à elle l’ouverture de la chute.
L'équipage doit
s'attacher :
1 À
maintenir le tangon perpendiculairement au vent apparent (sauf par petit
temps et grosse brise).
2 À
conserver le tangon horizontal pour déborder au maximum le point d'amures.
3 À
aligner dans un même plan horizontal les points d'amure et d'écoute en
jouant sur la hauteur du tangon et la position du point de tire de
l'écoute.
CONCLUSION
Ainsi, quelle que
soit là force du vent, le voilier doit conserver un bon équilibré à la barre
et un faible angle de gîte, au près, une bonne stabilité de route au
portant.
Les réglages des voiles et du mât ont donc pour but de maintenir ces
équilibres.
Sachant que l'harmonisation des plans de voilure est facteur de vitesse,
l'équipage doit
s'attacher à suivre une évolution progressive dans ses réglages pour
s'adapter à la force et
à là direction du vent.
Nous
avons, dans les tableaux suivants, résumé succinctement les grands principes
du
réglage des voiles, sachant que ceux-ci ne sont pas un cadre fixe et défini
mais doivent
s'adapter au comportement du voilier, à son gréement et à la forme de ses
voiles.
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